TAPESTRIES / TAPISSERIES
"The coronavirus caused stocks to drop to their peaks"
"Le coronavirus a fait chuter les marchés boursiers"
Sylver ink on african fabric (bazin, made in Germany)
Encre argentée sur textile damassé africain (bazin)
142cm x 210cm
"Collapsed Financial Graphs" series exhibited at / exposées à :
The Gaming Room, galerie Sanatorium Istanbul, 2019 / Temps suspendus, galerie Plateforme Paris, 2020 / Art Brussels, 2022.
Mes tapisseries The coronavirus caused stocks to drop to their peaks in March 2020, ont été élaborées manuellement durant les mois de confinement (le grand renfermement) : Codex effondrés et analyses peintes d’un méga-virus financier, métaphore d’un virus biologique planétarisé. Dans ces oeuvres de 220 cm x 140 cm et 220 cm x 160 cm, deux types de virus, financier et biologique, se répondent métaphoriquement sous la forme d'un code d'écriture situé entre l'oeuvre et le désoeuvrement. Un code-contrôle, à la fois proche du chaos (les signes intraduisibles, économie de marché hors régulation, computation disruptive, destruction du tissu social...) et proche de l’ordre apparent des choses. C’est une oeuvre réalisée à l’encre argentée sur un tissu africain damassé, textile produit en Allemagne, très présent sur le continent africain, appelé bazin. Ce n’est pas une tapisserie à proprement parlé car les motifs sont peints, non brodés, mais la référence à la tapisserie liturgique, aux pages tapis, à la Bible et aux copies de codex hébraïques, est présente, notamment par l’aspect crypté des signes financiers peints sur le damassé. The coronavirus sent stocks plummeting... est à proprement parlé une oeuvre de confinement, issue d’un travail numérique de collecte de graphiques, d’altération digitale, et de reproduction manuelle amplifiée quasi machinique, l’artiste agissant comme une sorte de Human Printer. C'est aussi un travail de copiste, (comme le travaille laborieux du copiste de manuscrits) une oeuvre du désoeuvrement et de l'impersonnel, par laquelle l'auteur disparait dans l'acte de copie d'un graphique numérique enrobé de neutralité.
My tapestries The coronavirus caused stocks to drop to their peaks , shaped during two months of lock-down like the painted analysis of a financial mega-virus. In this 220 cm x 140 cm work the two types of virus, financial and biological, respond analogically in the form of the social control they operate on our lives. Control closer to chaos (untranslatable signs, unregulated market economy, destruction of social texture...) than to the apparent order of things. It is a work done in silver ink on an African damask fabric, a textile produced in Germany, very present on the African continent, called bazin. Strictly speaking, it is not a tapestry because the patterns are painted, not embroidered, but the reference to liturgical, religious, or sacred tapestry is present, in particular by the encrypted aspect of the financial signs painted on the damask. The coronavirus has brought down stocks ... is a work of containment, of lock-down, resulting from a digital work of collection of graphics, digital alteration, and amplified manual reproduction almost machinic, the artist acting as a kind by Human Printer.
Durant Le grand renfermement1, c’est à dire la période de confinement lié au Covid-19, j’ai réalisé une série d’oeuvres digitales à partir de graphiques financiers produits au jour le jour par le milieu de la finance et les bourses internationales. A la base, ces graphiques montraient sous forme de chiffres et de courbes la chute des cours de la bourse, le début d’un krach boursier, l’avènement d’une crise économique majeur dont le Coronovirus aura été la cause. Mais cette catastrophe financière, cyclique, est le fruit d’une fragilité intrinsèque du système financier, relié à un jeu d’interdépendances fondamentalement instables qui constitue le tissu de l’économie. Ce système chaotique, toujours susceptible de s’effondrer au moindre événement mondial imprévisible, agit immanquablement sur nos vies tel un virus. Dans ce contexte, le temps suspendu généré par cette période de confinement généralisé, peut être perçu comme le temps d’une sorte de virus économique, d’une contamination du langage, d’une codification financière quasi religieuse qui tend à déterminer le quotidien de nos sociétés. Mes Crashed Financial Graphs, et tout particulièrement ma tapisserie The coronavirus sent stocks plummeting from their highs in March 2020 sont le fruit d’une entreprise d’altération digitale de ces graphiques liturgiques de la finance mondiale 2, destruction menée en plein confinement en suivant l’évolution des courbes du coronavirus et des marchés en simultané.
1 Terme inventé par Michel Foucault en 1961 (dans son Histoire de la folie à l’âge classique), afin de caractériser la politique royale au XVIIème siècle, plus répressive que charitable à l’endroit des mendiants et des marginaux. Pour Michel Foucault, c’est le début d’un processus de contrôle social des populations déclassées.
2« Premièrement, le capitalisme est une religion purement cultuelle, peut-être la plus extrêmement cultuelle qu’il y ait jamais eu. Rien en lui n’a de signification qui ne soit immédiatement en rapport avec le culte, il n’a ni dogme spécifique ni théologie. L’utilitarisme y gagne, de ce point de vue, sa coloration religieuse" W. Benjamin, « Le capitalisme comme religion » "Kapitalismus als religion", in W. Benjamin, Fragments philosophiques, politiques, critiques, littéraires. 1916-1922
ludovic bernhardt © all rights reserved, Paris 2023